L' INVASION.

(pour voir les illustrations, cliquer sur les mots soulignés).

Voici l'invasion de 1940. Le samedi 15 juin, Prauthoy, dont une partie des habitants avait été entraînée par le flot pressé de l'exode, revit les Allemands.

C'étaient, en grande majorité, des Munichois, des Badois, des Autrichiens : leur attitude, visiblement dictée par des consignes impératives, fut relativement correcte, une fois le premier moment passé où ils fracturèrent -eux ou d'autres troupes-les portes des appartements, dans les demeures désertées par leurs habitants, y bousculant tout, et se livrant à quelques déprédations.

(Illustrations: un "Ausweis" de juillet 1940, une autorisation de circuler pour aller à Dijon, avec le tampon de l' Orstkommandantur de Prauthoy et la signature de l' Orst kdt, Platt.)

A ceux-là, succédèrent des Saxons qui ont laissé un mauvais souvenir. Ainsi, à leur départ, le 28 octobre, en dépit des affiches de l'armistice leur prescrivant de respecter les biens des habitants, ils emportèrent subrepticement un certain nombre d'objets.

(Illustration:autorisation de circuler de 1941.)

Puis c'en furent d'autres encore, jusqu'au printemps de 1942, avec le cortège accoutumé des contrôles et brimades et des réquisitions. Ensuite, le pays ne connut plus d'occupants à demeure, jusqu'à l'été de 1944 où plusieurs sections successives y vinrent garder les voies.

(Illustration: correspondance "vérifiée" par l'Oberkommando der Wehrmacht.)

Cependant, le mal eut pu être plus grand sans les interventions d'un personnage qui était installé au pays, une dizaine d'années auparavant. Collaborateur avéré et propagandiste de l'ennemi, sinon même, agent secret de la Gestapo, il rendit des services, intéressés d'ailleurs-en misant sur deux tableaux-à des Français prisonniers et autres, et préserva, semble-t-il, la commune de vexations trop excessives. A d'autres, il fut nuisible ; il ne fut pas étranger, a-t-on dit, à l'incarcération, à Chaumont, pendant dix semaines, en 1942, de Madame G.C, et ne le fut pas moins à sa...libération. A tel curé résidant du voisinage, on devait "faire son affaire". Il s'est vanté lui-même d'avoir fait arrêter Monsieur M.G.

Ironie du sort ! Cet ami "des Boches" devait tomber à la fin, sous leurs balles féroces et aveugles le 9 août 1944.

Aucun mobilisé ou soldat de carrière de la commune ne périt à la guerre, sauf un jeune marin, fils d'une réfugiée. Trois furent blessés. Tous les prisonniers, au nombre de 11, sont revenus. Deux d'entre eux n'avaient pas attendu le 8 mai 1945 ni même le 6 juin 1944: ils s'étaient évadés.

Prauthoy, surtout par comparaison, n'avait pas tellement souffert avant le début de l'été 1944.

Mais à ce moment là, ce fut, pendant des semaines, un état habituel d'angoisse. Les Allemands qui, depuis 18 mois, n'avaient plus fait que passer, étaient revenus. En outre, presque chaque jour, des incidents étaient à craindre, ou de fait survenant, dus aux survols continuels d'avions des deux camps, aux transports de troupes sur la voie ferrée qui se déroule à deux cents mètres, ou sur la route nationale de Langres à Dijon, qui traverse la localité, enfin, à l'activité du maquis dans la région voisine.

L'évènement tragique du 9 août 1944, dont l'essentiel vient d'être présenté, allait plonger le pays et d'autres encore, dans le deuil, et jeter la consternation dans tous les coeurs.

(Illustration: il y a du changement en date du 6 octobre 1944.)

 

Il y a plus de morts que de vivants et ce sont les morts qui dirigent les vivants. (Auguste Comte).


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