LES VIEILLES MAISONS.
Je naime pas les maisons neuves :
Leur visage est indifférent;
Les anciennes ont lair de veuves
Qui se souviennent en pleurant.
Les lézardes de leur vieux plâtre
Semblent les rides dun vieillard ;
Leurs vitres au reflet verdâtre
Ont comme un triste et bon regard
Jaime les âtres noirs de suie,
Doù lon entend bruire en lair
Les hirondelles ou la pluie
Avec le printemps ou lhiver;
Les escaliers que le pied monte
Sur les degrés larges et bas
Dont il connaît si bien le compte,
Les ayant creusés de ses pas;
Le toit dont fléchissent les pentes,
Le grenier aux ais vermoulus,
Qui fait rêver sous les charpentes
A des forêts qui ne sont plus.
Sully - Prudhomme (Les Solitudes).