SAINTS BROINGT - LES FOSSES.
Présentation, historique.
Le nom de la commune est formé de Saint Broingt qui puiserait son étymologie dans Saint Bégnigne (1), patron de la paroisse (2), et de Fosses, peut être à cause des nombreuses petites vallées entaillant le territoire. Le mot de St Broingt a été orthographié de différentes manières au cours des âges.
1650 : St Beroing; 1679 : St Broin; 1705 : St Broing; 1798 : St Broingt.
La commune se situe à 5 kilomètres de Prauthoy, 19 de Langres, 53 de Chaumont. Les communes qui la bordent sont celles de Prauthoy, Saint Michel, Prangey, Baissey, Leuchey, Chatoillenot, Courcelles - Val dEsnoms. Le village est à la latitude 47° 42 53, longitude 2° 56 16. La plus haute partie culmine à 384m, et la " Montagne ", à 481m dans sa partie la plus élevée. Le signal de Courcelles se trouve à 460m, et celui de la " Côte aux Pendus " à 378m. (3). Saint Broingt, situé sur un affluent de la Vingeanne, se divise en deux sous - ensembles, rappelant quelque peu la structure de Nogent en Bassigny : Saint Broingt " Le Haut " où se trouvent lEglise, la Mairie, lEcole, et Saint Broingt " Le Bas ", uniquement constitué de maisons particulières, assez humides.
La commune a une superficie denviron 1237 ha ( Haute Marne : 625695 ha), et le procès verbal de délimitation du territoire a été établi en mai 1827, par Monsieur Bertrand, géomètre délimitateur du cadastre, avec Monsieur Auguste Ignace Gabriel Potier de Pommeroy (4), maire de lépoque, et de Messieurs Nouvelier et Mony comme indicateurs nommés par lui. Les opérations de délimitation se sont faites avec le concours des maires et des indicateurs de chaque commune limitrophe. Le procés verbal est dune très grande précision, et renferme le plan de toutes les limites, avec les terrains qui aboutissent sur elles, et les emplacements des bornes qui y sont plantées. Bien que létat des lieux ait changé, cet important document pourrait certainement rendre encore de grands services, notamment pour établir la limite entre les communes de Prauthoy et de Saint Broingt qui demeurent un peu floues.
(1) Saint Bénigne, dont la fête est le 21 novembre, fut évèque de Dijon, et martyr (IIième siècle). Bénigne, apôtre de la Bourgogne, disciple de Polycarpe, évèque de Smyrne, fut ordonné prètre par ce pontife, et envoyé prècher lEvangile en Gaule, avec le prètre St Antioche, et le diacre St Thyrse. Etant arrivés à Autun, ils furent reçus avec toutes sortes dégards par Fauste, frère de Léonille, Dame de Langres. Ce Fauste était noble et chrétien, mais la crainte de la persécussion lempèchait de faire profession publique de sa foi. Les missionnaires convertirent à Autun, beaucoup didolâtres, autant par lexemple de leur vertus, que par leurs instructions. Parmi ceux quils amenèrent à la foi, il faut distinguer Symphorien, fils de Fauste, qui avait alors seulement trois ans, et que, depuis, la gloire du martyr a rendu célèbre. Bénigne, laissant ses compagnons à Autun, se rendit à Langres. Il consacra cette ville au Seigneur, en lui offrant comme prémices, les trois frères jumeaux Speusippe, Eléosippe, et Mélasippe, quil baptisa, secondé par les efforts de Léonille, leurs aïeules (Cette scène est retracée sur le tympan de lEglise). Enfin, aprés avoir opéré dans la Cité de Langres, un grand nombre de conversions, Bénigne vint à Dijon, à peu près dans le temps où lEmpereur Marc Aurèle y arrivait pour examiner les nouveaux remparts quon avait construits par ses ordres. Déjà, Bénigne avait gagné bien des âmes à Dieu, et, tant de succès fut, pour les païens, la cause dune haine violente. LEmpereur ordonna quon cherchât Bénigne. Il fut trouvé près de Dijon. LEmpereur le fit interroger, et tous les moyens furent employés pour le faire renoncer à sa foi. Comme il sy refusait, il fut enfermé dans une tour, ses bourreaux lui mirent les pieds dans une pierre creuse, et les scellèrent avec du plomb fondu. Marc Aurèle ordonna quon meurtrit sa tête, le cou, avec des barres de fer, et quon perçat son corps de part en part. Ce qui fut fait en lan 179. Léonille arriva bientôt sur les lieux, embrassa le corps, et lensevelit non loin de la prison. (Extrait dune " Vie des Saints " de 1865.) Saint Benigne baptisant les Saints Jumeaux.
(2) Nous trouvons écrit, dans un registre de lEtat civil de 1650: "Paroisse de St Bénigne les Fosses ou St Beroing les Fosses. ". Il est fait mention de Saint Broingt - les Fosses (Sanctus Benignus è Fosseis) au XII ème siècle, et cest seulement vers le milieu du XII ème, que les évèques de Langres sont devenus propriètaires de la seigneurerie) ( Emile Jolibois, " La Haute Marne ancienne et moderne " 1858.).
(3) Ce nom indique que jadis, les exécutions se faisaient en cet endroit, les condamnés, avant de se balancer entre ciel et terre, pouvaient donner un dernier coup doeil au plus ravissant des panoramas, car de ce point culminant, la vue sétend sur plus de 20 villages, dont on aperçoit le clocher(daprès une monographie de Saint Broingt - les Fosses, écrite par C.Séjournant, 1891.)
(4) Le Vicomte de Pommeroy, né le 22 avril 1797 à Corme Royal (Charente inférieure) appartient à la famille des Potiers ducs de Gesvres de Saintonge. Il était garde du Corps, lorsquil épousa en 1825 une haut - marnaise, Mlle Legros, dont les parents avaient péri dans le massacre de Saint Domingue. Son mariage le fixa en Haute Marne, où il acquit bien vite une grande notoriété. Il fut maire de Percey - le Pautel, Conseiller Général et Député, de 1843 à 1848. Par ses opinions, il appartenait au parti libéral modéré et neut jamais dautre but que le bien public. Sa femme fut la Providence de la contrée. Elle fit bâtir lEglise de Percey en 1840, elle fonda lasile de vieillards. Monsieur de Pommeroy mourut le 1er avril 1860, et sa femme en 1871. Le couple est enterré à Percey.
Le Vicomte et sa femme Blanche Marie Marguerite Legros, domiciliés à St Broingt les Fosses achetèrent le chateau de Percey, les prés bordant le moulin, et quelques terres labourables, pour 90.000f le 23 mars 1837. A leurs morts, ils ne laissèrent pas denfants, et leur fortune sen alla aux neveux de Mme de Pommeroy qui, nayant pas dattaches vendirent le chateau et les terres de Percey.(Daprès un article de B. Serrigny, in " Les Cahiers haut - marnais ", N°25, 2ème trimestre 1951)-
Avant 1789, Saint Broingt - les Fosses faisait partie du doyenné de Moge, au diocèse de Langres. Ce doyenné comprenait toute la partie Est de larchidiaconat de cet évêché ; il contenait trente cures et vingt - cinq annexes. On donna le nom de Moge à cette contrée parce quelle était très fertile. On disait en bas latin Mologia, terme qui désignait surtout les prairies, comme on le voit dans beaucoup de chartes, notamment dans une de Villegusien, datée de 1205 où il y avait un Moge clos : " in mologia de super Villegusien ".
La cure de Saint Broingt - les Fosses était à la nomination des maîtres ou prieurs de Suxy, puis ensuite à celle des évêques de Langres qui avaient succédé à leurs droits, et en étaient devenus les seigneurs principaux.
Cette commune, sous le rapport judiciaire et politique, dépendait de lélection et du baillage de Langres, généralité de Champagne. Les évêques de Langres y avaient la justice haute, moyenne et basse avec une mairie héréditaire créée au XIIème siècle, et placée sous la dépendance de leur prévôt de Montsaugeon.
Les manants et serfs de Saints Broingt étaient taillables et corvéables à merci, de formariage et forfuyance; cest à dire, quen se mariant hors du pays, ou en allant sétablir ailleurs, ils perdaient ipso facto leurs droits aux modestes héritages que pouvaient leur laisser les parents quils quittaient; héritages qui, dans ce cas, revenaient au seigneur du lieu.
" Chascun chief de maisgnies devaient, outre les cens, dîmes, four et molin banaux " et autres servitudes, aussi nombreuses que variées et humiliantes " services de fouasses et de gelines ".géline est lancien mot qui désigne une poule : généralement chaque ménage offrait aux seigneurs deux poules par an, lune à " Caresme - prenant, lautre à la feste de Noël ". Quand au vocable " fouasse ou fouace ", que lon retrouve dans Rabelais par exemple, il sagit de petits pains plats, ronds, cuits sous la cendre du foyer, ou des galettes composées de farine, beurre et oeufs préparées vivement, comme les gaufres, et servies toutes chaudes à des convives inattendus.
A propos de la Seigneurerie de Saint Broingt, ce serait vers le milieu du XIIIème que les évêques de Langres vinrent en possession du fief dominant.
1141 : Eudes de Saint Broingt - les Fosses et ses fils Barthélémy et Maurice
1149 : Hugues 1er de Saint Broingt, sire de Chatoillenot.
1162 : Hugues II.
1204 : Vallo, sire de Saint Broingt. Il fait remise de XIV deniers de cens sur Soucy.
1231 : Millo ou Milon de Saint Broingt, sire de Sacquenay.
1266 : Hugues III de Saint Broingt.
1289 : Guillaume dit " Peluchotte " de Langres possède un fief à Saint Broingt.
1434 : Charles VII ordonne de démanteler bon nombre de forteresses et de repaires féodaux. Le château de Saint Broingt est du nombre, et est complètement rasé, en dépit du mauvais vouloir de lévêque de Langres auquel il appartient.
1650 : Lun des seigneurs de la paroisse était noble homme, sire Hyve Diguet, seigneur en partie de Prauthoy, Saint Broingt - les Fosses et autres lieux; il commandait les miliciens de Langres, et cest grâce à son esprit entreprenant quils prirent la forteresse dAigremont en 1651. Le siège dAigremont est une des dernières expéditions militaires entreprises par les milices municipales au temps où les villes constituaient encore des républiques quasi - autonomes avant dêtre annihilées par la monarchie absolue.
1668 : L' évêque de Langres, comme seigneur dominant de la paroisse, abandonne au curé de St Broingt tous les revenus de la cure, avec lexemption des décimes et de plus une dotation annuelle de 60 livres. Saint Broingt - les Fosses a eu longtemps pour seigneur en partie les MM de Serrey, qui tenaient à Langres de hautes charges dans la magistrature.
1740 : Le dernier seigneur de la paroisse (commune) fut Messire Maladière de Montécot.