Histoire de l’Eglise de Saint Broingt - les Fosses.

L’Ancienne Eglise est décrite en 1864 par Monsieur Hannaire, architecte à Rosoy. (illustration).

La nef a été bâtie dans les premières années du XIIIème siècle. Elle n’avait pas de bas - côtés, et se terminait par un sanctuaire plus ancien. Le clocher, placé entre la nef et le choeur avait probablement été construit au XVIIème siècle. Il n’avait aucun caractère architectural. Le choeur n’était point bâti dans l’axe de la nef, et tout portait à croire que cette Eglise avait été érigée à deux époques différentes. L’abside d’abord, servant de chapelle aux quelques habitations groupées autour d’elle, la nef ensuite, lors de l’accroissement successif de la commune. Le clocher réunissait la nef du XIIIème au sanctuaire du XIIème. Cet ensemble de construction offrait un aspect peu satisfaisant. On y voyait trois édifices successifs que les architectes n’avaient pas pris soin de coordonner. L’inclinaison du choeur, la solution de continuité qui existait entre cette partie de l’édifice et la nef, prouvaient assez que là, comme ailleurs, on espérait reconstruire le sanctuaire qui restait provisoirement pour le service du culte pendant l’érection de la nef. Les ressources ont - elles manqué pour compléter l’édifice du XIIIème siècle ? C’est ce qu’on devrait admettre. Les architectes de cette époque étaient rationnels dans leurs constructions, avaient un sentiment trop élevé de l’harmonie qui doit résider dans un édifice pour avoir jamais sacrifié à un symbole qui eut été peu compris du reste; la majesté d’un édifice sacré, le besoin de tout expliquer, a fait prétendre à quelques archéologues, que la pensée des architectes du Moyen Age avait été de dévier le chevet de leurs églises pour rappeler aux populations l’inclinaison de la tête du Christ sur la Croix. Cette idée est fausse car cette disposition n’existe nulle part dans les édifices bâtis d’un seul jet au XIIIème. Une erreur de tracé, le respect d’une tombe, et plus souvent, la pensée de reconstituer dans le prolongement la nef nouvelle, le sanctuaire plus ancien, a seul mérité cette disposition facheuse qui existe dans quelques Eglises du voisinage. L’Eglise d’Aubigny offre cette particularité. La vieille église était insuffisante, on ne saurait dire toutefois qu’elle était une ruine; cependant, le mur du midi était en très mauvais état, et demandait de promptes réparations; si l’on ne rebâtissait pas l’Eglise, les réparations seraient graves, et entraîneraient la reconstruction des voûtes et ne donneraient pas une place de plus aux fidèles. Le clocher, littéralement miné, était à reconstruire en entier, bien qu’il soit postérieur à la nef et au choeur. Le sanctuaire était plus solide, mais il était insuffisant et placé de telle sorte qu’il n’y avait pas moyen de l’agrandir; il était bas, enterré, malsain.

La municipalité disait que l’Eglise était 1/3 trop petite pour la population de la commune. La commune voulait donc rebâtir son Eglise.

1829 : Le clocher menace de tomber en ruine; il faut le faire réparer. En effet, il est dans un état de délabrement tel, que le côté du couchant est séparé des autres par des " lézardes " qui ont au moins 6 pouces de largeur. La dépense se montera à 2800 francs.

1833 : Le clocher n’est toujours pas réparé.

1834 : Monsieur Morel, couvreur, répare le clocher ainsi que les dégats causés par la foudre.

1861 : La reconstruction de l’Eglise s’impose, celle - ci est étayée.

Notes marginales, placées à la fin du registre des naissances, mariages et décés de la paroisse de Saint Broingt - les Fosses par Nicolas Guido, curé de l’Eglise paroissiale.

1703.

" En ceste année j’ay changé nos vieux vasseau des S.S. huiles contre des neufs et...à la mode ".

" On a la mesme année blanchi le coeur de nostre esglise, posé la charpente et l’autel de la chapelle de M. de Serrey, lieutenant criminel de Langres et seigneur en partie de cette paroisse "

" On a fait un ban pour luy et un pour ses enfants lesquels tiennent ensemble à costé de l’Evangile "

1704.

" En ceste année, nous avons fait recouvrir la sacristie et j’ay faict faire une niche sur le grand portail de l’Esglise et aussi des caveaux n’y ayant point. M. de Serrey a donné une lampe pour éclairer le Saint - Sacrement. "

1711.

" En ceste année, M. de Serrey, seigneur de ce lieu, a donné, pour refaire le retable du grand autel, sept tableaux; un du couronnement de la Vierge,qui a esté mis derrière le tabernacle, en haut; un du costé de l’Evangile : La Fuite en Egypte; du costé de l’Epistre : Jésus préchant à ses apôtres; un dans le cadre du Maistre - Autel : La Naissance dudit Sauveur ; au - dessus les crédences, du costé dudit Evangile : le Baptème de Jésus - Christ par Saint Jehan, et du costé de l’Epistre : un de Saincte Magdelaine pénitente ; à l’autel des Vierges un devant d’autel où est : l’Adoration des Roys ; à l’autel de Saint Nicolas, un devant d’autel des peintures qui restaient ; et le tout a esté joint ensemble et travaillé et posé en place par ordre de Gérard Rabiet, marguiller, servant de bonne volonté, sans toutefois rien du tout recevoir de laditte fabrique, faisant toutes choses pour la gloire de Dieu sans rétribution... "

" J’ay curé de Saint - Broin faict faire un confessionnal pour mettre en la sacristie pour confesser ...les sourds. "

1721.

" En ceste année, nous avons changé des burettes d’argent pour une boëte et un petit ciboire pour porter le viatique tant à Suxy qu’à la Couhée, et M. de Serrey a donné IV livres plus que de valeur des burettes et une  " bource " et un ruban rouge pour mettre au col... "

Une bien curieuse ordonnance.

Dans une ordonnance de 1832 de l’Evêque de Langres, approuvée par le Préfet, la sonnerie des cloches est réglementée comme suit :

- Il n’y aura qu’un seul sonneur pour la sonnerie des offices et les sonneries civiles.

- Le sonneur prendra ordre du curé pour annoncer les cérémonies.

- Le sonneur seul sera chargé de sonner les laisses pour la mort, de faire la fosse et enfin de faire tout ce qui est d’usage.

- La sonnerie pour le mort est divisée en deux classes, la première ou celle des enfants : une cloche seulement; la deuxième ou celle des grandes personnes : deux cloches.

- Le sonneur recevra pour les sonneries et la fosse : pour la première classe, 1,50 fr, pour la deuxième classe : 2,50 fr.

- On ne sonnera pas plus de trois laisses par jour, ni plus ni moins d’un quart d’heure.

- Il est expressément défendu de sonner en temps d’orage et d’épidémie.

- Les Angélus seront sonnés depuis le 1er octobre au 1er mai, à 6 heures du matin et 5 heures du soir; du 1er mai au 1er octobre à 3 heures du matin et à 8 h du soir.

- Une somme de 40 f par an sera versée par la commune pour ces sonneries.

La nouvelle Eglise.(illustration)

Un devis de construction de l’Eglise avait été établi en 1837, se montant à 30761,63f. Un second devis établi en 1859 s’élevait à 31141,26f. Enfin, en 1864, Monsieur Hannaire architecte à Rosoy est choisi par la commune pour dresser les plans et devis de la nouvelle construction. Il est décidé que la nouvelle église sera construite sur l’emplacement de l’ancienne; son plan sera celui d’une basilique avec abside polygonale et bas - côtés terminés par des chapelles carrées. Le style sera celui de la première moitié du XIIIème. La municipalité exprime le désir que l’Eglise soit faite dans le même style que celle de Rosoy et de Percey - le Petit.

Devis de Monsieur Hannaire :

Maçonnerie : Les arcs doubleaux, les nervures, seront en pierre de Chevillon. Le remplissage de la voûte sera en tuf (soigneusement découpé) et provenant de Rolampont ou de Cohons. Les moellons ordinaires seront pris dans les carrières de Saint Broingt (47f le m3 posés). Les pierres de taille seront de Chevillon et de Prauthoy, sans fil, tirées en bonne saison, ni gélives, ni sujettes à se dégrader à l’air (70f le m3). Volume nécessaire : 259,939m3. Le sable sera tiré sur les lieux si l’entrepreneur le juge de bonne qualité; dans le cas contraire, on le prendra à Occey. La chaux sera prise à Vaillant, le bois à St Broingt ou à Hortes. Le mortier comprendra 3/5 dee sable et 2/5 de chaux. Le dallage sera en pierre de Prauthoy.

Bois : La charpente sera en sapin des Vosges (sans défauts) façonné sur place (89,98f le m3). Le bois de chêne de l’ancienne Eglise sera réutilisé.

Couverture : Elle sera en ardoise de Fumey, de 3mm d’épaisseur, clouée sur planchetage.

Menuiserie : Les portes seront en chêne, l’escalier du clocher en sapin.

Vitres : Ordinaires, en forme de losange avec zébrures en plomb.

Peintures : Trois couches, à 1,20f le m2.

L’architecte s’engage à reprendre les vieux matériaux pour 6089,92f. Prix de reprise principaux : Dalles et marbre : 187,50f, Charpente: 420f, Pierre de taille : 2700f, Couverture lave : 30f.

La base du portail, des piliers, de la nef, des chapelles, du choeur, et le dallage du sanctuaire, ainsi que les marches, sont en pierre de Prauthoy. Les dalles du choeur devront être polies au grés, et passées à l’encaustique. Il a fallu 116kg de fer pour tout ce qui est serrurerie. Il est décidé que la sculpture des chapitaux, de la nef, de la haute nef, des bas - côtés du portail, ne seront point exécutés pour le moment, la commune n’ayant pas les ressources nécessaires pour complèter l’exécution de ce travail. Seuls les chapitaux et fleurons du clocher, ceux des galeries, de la haute nef et des piscines du choeur seront sculptés d’après des dessins. Le tympan du portail devra représenter une scène de la vie de St Bénigne : Saint Bénigne baptisant les enfants jumeaux.

Après vérification des travaux le 8 mai 1865, le coût des opérations se monte à environ 55000f. L’aménagement intérieur est exécuté par Schanosky de Dijon (bancs, autels, balustrade et appuis de communion, sculptures style XIIIème).

Obligations de l’architecte:

Il recevra 2000f pour ses honoraires, sera obligé de surveiller les travaux pour que l’édifice présente toutes les garanties de solidité et de durée, et s’assurer de l’emploi des matériaux qui devront être de bonne qualité. Il devra consacrer trois jours par semaine au moins pour sa surveillance, et sera obligé de venir fixer sa demeure avec sa famille à St Broingt, il devra aider et surveiller le déménagement et le transport du mobilier; il devra préparer un lieu le plus convenablement possible pour que le Saint Office puisse continuer pendant le temps nécessaire à la construction.

Achèvement de la construction de l’Eglise en 1867.

La minicipalité de l’époque prévoyait les ressources suivantes destinées au paiement de la construction.

- Prélèvement sur les fonds disponibles.

- Création d’un impôt local extraordinaire.

- Vente de bois.

- Participation de la fabrique.

- Secours de l’Etat.

- Emprunt.

En 1912, on proteste.

Extrait du registre de délibération .

" Le Maire, sans aucune déférence à l’égard des Conseillers Municipaux qui avaient, à l’unanimité voté le 10 juillet une sonnerie de cloches pour annoncer la fête du 14 juillet, a, de sa propre autorité supprimé la sonnerie du programme. Le Maire s’est moqué des décisions prises par son Conseil. Je proteste de toutes mes forces contre l’abus de pouvoir exercé par le Maire et l’en blâme publiquement avec inscription de ce blâme au registre des délibérations. "

Les travaux de 1955.

Liste de MM les Curés et desservants de Saint Broingt - les Fosses

- 1294 - 1295 : Girinus ou Girin, dit prieur de Saint Broingt;

- 1307 : Pierre, notaire apostolique.

- 1374 - 1398 : Choillet Anthoine, directeur de St Broingt.

- 1461 : Bertrandi Hugues

- 1516 : Pignard Jehan, chanoine de Langres.

- 1563 : Brochon Jehan, puis curé de Bèze.

- 1575 : Cartault Jehan.

- 1633 : Ormancey Nicolas.

- 1646 : Maignien.

- 1655 - 1684 : Desgrez Nicolas - Vinebaud.

- 1684 - 1685 : Levasseur François. Résigne sa cure (?).

- 1685 - 1696 : Richard Jehan, puis curé de Thons.

- 1696 : Mongin Mamès.

- 1696 : Daubrive Jehan, ancien curé de Thons.

- 1697 : Constant.

- 1700 - 1744 : Guidot Nicolas.

- 1744 - 1745 : Roy François. Il résigne sa cure.

- 1745 - 1746 : Rougelin Laurent François, né à Andelot.

- 1746 - 1754 : Chalochet Claude.

- 1754 - 1769 : Bellet Charles.

- 1769 - 1785 : Hugot Pierre, né à Dampierre - les - Langres.

- 1785 - 1792 : Martin (voir ci - dessous).

- 1792 - 1799 : Mugnier : Curé constitutionnel.

- 1799 - 1805 : Catherinet : Curé constitutionnel.

- Martin Jean Baptiste, prêtre réfractaire, quitta la cure de Saint Broingt en 1792, émigra comme un noble bien qu’il sortit de roture et en reprit possession en 1805.

- 1806 - 1830 : Maignien Nicolas.

- 1831 - 1833 : Bernard Nicolas.

- 1833 - 1838 : Huin Jean, puis curé à Lanty.

- 1838 - 1855 : Voillequé (N...), ex - vicaire à Chaumont, né à Is - en - Bassigny.

- 1855 : Brené Antoine - Etienne, né à Rançonnières.

La Cure de Saint Broingt.

La maison curiale avait été vendue pendant la Révolution, la commune avait perdu son desservant logé chez M. Potier de Pommeroy. La commune était sans curé, faute d’une maison pour le loger.

Le 14 mai 1807, le Conseil Municipal considèrant qu’il est très urgent de procurer un logement pour le desservant de la commune, considèrant en outre que le logement offert par le Sieur Mammès (1) est convenable pour un désservant, et n’étant pas d’un prix trop élevé, décide de demander l’autorisation de faire l’achat.

Le 28 mai 1851, le Comte Potier de Pommeroy achète à M. et Mme de Frettes, suivant un acte reçu par Maître Lasnet, notaire à Langres, une maison située à St Broingt, dans laquelle il envisage de placer, à ses frais, deux soeurs de l’Ordre de la Providence de Langres, avec mission de donner de l’instruction aux jeunes filles, et de soigner les malades.

Le curé de l’époque, le maire, le conseil municipal, proposent à M. Potier de Pommeroy, de changer cette destination, lui faisant remarquer que la maison qu’il venait d’acheter est, par sa solide construction, son intelligente distribution intérieure, et sa proximité de l’Eglise, très propre pour en faire un presbytère et que, s’il veut, la commune lui cède en échange la maison curiale dans laquelle il pourrait placer l’établissement des soeurs. M et Mme Potier de Pommeroy acceptent cette proposition, à condition de recevoir de la commune une soulte de 2000f.

Le curé s’installa donc dans la maison destinée aux Soeurs, et les Soeurs furent placées dans la cure, propriété de la commune. Cet essai dura 6ans, sans qu’il y ait une réclamation de part et d’autre. En novembre 1857 (ou 1856 ?) M. Potier de Pommeroy réclama à la commune, la régularisation de l’affaire, et son nouvel examen par le conseil municipal, ce qui fut fait. A partir de cette date, la maison de M et Mme de Frettes devint la cure, et l’ancienne cure, cèdée au Comte, le local pour les soeurs.

(1) Le sieur Mammès avait proposé de vendre à la commune, une maison lui appartenant avec toutes ses aisances et dépendances, pour servir de logement au desservant de la commune, moyennant 2300 livres Tournois et en outre de la cession d’un terrain appartenant à la commune, de 16 toises environ (Mesure de Montsaugeon, soit 1 are)


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